Interview Loïc Sauce, professeur en Economie
Loïc Sauce est enseignant-chercheur en économie à l’ISTEC depuis 2014. Ses travaux de recherche portent sur l’univers des cryptomonnaies et de la technologie blockchain. Ces sujets innovants ouvrent énormément d’opportunités pour les entreprises et permettent aux étudiants de développer leur curiosité et leur créativité.
Depuis quand animez-vous le séminaire de l’ISTEC sur les nouveaux modèles de financement ?
J’ai créé ce séminaire en 2018. Nous étions parmi les premiers en France à consacrer un séminaire à ce sujet. En 2018, les cryptomonnaies, et notamment le Bitcoin, ont commencé à être médiatisées, pour de bonnes et de mauvaises raisons. Il me semblait donc nécessaire de présenter aux étudiants cette innovation monétaire qui repose sur une innovation technologique, la technologique blockchain. La difficulté était double : parler d’un sujet qui était encore confidentiel en 2018 et d’une technologie complexe.
Qu’est-ce qui a changé depuis 2018 ?
En 2018, seulement quelques étudiants avaient déjà entendu parler du sujet, et très peu le connaissait plus en détail. Sur 150 étudiants, on pouvait les compter sur les doigts d’une main. Aujourd’hui, c’est très différent. Ils en ont quasiment tous entendu parler et beaucoup d’étudiants en détiennent déjà, de l’ordre de 10%, je pense. L’intérêt est donc réel et on ne part plus de zéro. Cela me permet de voir plus de choses, plus de fonctionnalités, plus de détails.
Concrètement, qu’enseignez-vous ?
Il me semble nécessaire de commencer par le commencement et de se poser une question simple : pourquoi ça existe ? Quelle est la raison d’être de ces innovations ? On en parle rarement et je pense que ça permet aux étudiants de mieux comprendre l’univers des cryptomonnaies, les motivations des entrepreneurs, les types de services proposés, etc. En un mot, l’objectif est d’accroître la transparence et l’efficacité des transactions, sans intervention d’un tiers de confiance. Ensuite, je présente la technologie blockchain. C’est une présentation non-technique, qui montre comment cette technologie fonctionne, quels sont ses avantages et ses limites. Enfin, j’insiste sur les applications possibles pour les entreprises.
D’ailleurs, quel est l’intérêt pour les entreprises ?
Les cryptomonnaies ne se résument pas à des moyens de paiement. Il en existe plusieurs types, plusieurs familles de « jetons », qui proposent différentes fonctionnalités. Par exemple, un « jeton de gouvernance » permet de prendre part à une décision collective. On peut imaginer un artiste qui émet un jeton de gouvernance permettant à ses fans de décider des morceaux joués lors d’un concert, par exemple. C’est ce qu’on appelle un « fan token ». Les avantages sont nombreux, tant pour l’artiste que pour les fans : levée de fonds lors de l’émission des jetons, consolidation de la communauté de fans, sentiment d’appartenance, etc. On peut aussi imaginer que ces jetons de gouvernance donnent accès à d’autres fonctionnalités pour les fans : participer à un tirage au sort pour visiter les backstages ou rencontrer l’artiste. Autre exemple, sur le même principe que les points de fidélité classiques, une entreprise peut émettre un « jeton » pour récompenser la fidélité de ses consommateurs, ce qui lui permet d’accéder à des services exclusifs (offres promotionnelles, droit de vote, sondage, etc.). Les possibilités sont très nombreuses, dans le monde de l’entreprise, artistique, caritatif, etc.